9 FEVRIER 2006
Aujourd'hui, nous sommes tirés de notre sommeil à 6h30 - sauf Pierre, ce qui n'est pas pour nous surprendre - par l'alarme « batterie faible ». Jérémie et Alain sortent pour démarrer le générateur ; l'incident est clos sans problème. Nous réalisons qu'il ne nous reste désormais plus que deux journées opérationnelles, le dernier samedi étant réservé au nettoyage, au rangement et à l'accueil du prochain équipage. Il nous faut donc nous hâter si nous voulons achever les activités prévues.
Le matin, Olivier imagine et réalise les dispositifs de retenue de notre tout nouveau ballon « maison » en Mylar, ainsi que l'accrochage de la caméra. Nous sommes sûrs qu'il a dû y penser une grande partie de la nuit (d'après les relevés des temps de Richard, c'est lui qui dort le moins...). A 11 heures, tout est prêt et il sort avec Pierre et Alain, ce dernier hors simulation pour assurer la sécurité. En effet, si nous voulons éviter une alerte aux OVNI dans l'Utah, il vaut mieux s'assurer que le ballon ne s'échappera pas ! Nous l'attachons donc aux deux opérateurs, et Alain surveille attentivement les opérations de gonflage, de mise en route de la caméra et de lâcher, prêt à parer à toute difficulté. L'essai se déroule parfaitement. Nous exultons en voyant notre bel et délicat aérostat doré s'élever lentement dans le ciel bleu. Youpee ! Après un parcours d'essai sur le terrain avoisinant, ses cornacs reviennent à la base et le refoulent dans le sas. Mais, une fois de plus, comme hier avec le mât, nous découvrons un problème de surexposition de la caméra (en fait conçue pour une utilisation en intérieur). Nous décidons de la remplacer par une caméra mini-DV (après avoir vérifié que son poids est supportable par notre aérostat méritant).
Pendant ce temps, Alain apporte les modifications décidées pour le VRP et, à 15h30, l'appareil est prêt pour une nouvelle séance d'essai. Comme nous entendons mener deux EVAs cet après-midi, nous nous limitons au voisinage du Hab. Fort heureusement, une élévation voisine offre un site excellent, vers lequel Alain et Jérémie se dirigent. A travers les hublots du Hab, nous voyons leurs silhouettes se détacher sur la lumière du ciel, une scène assez fascinante. Les essais se déroulent bien. Nous en concluons que la position de la caméra contextuelle en arrière du véhicule (plutôt que sur lui), permet de bien mieux se rendre compte de la situation, tant lors de la descente que lors de la remontée le long de la pente.
A 17h, après une intense activité dans le laboratoire pour adapter la nouvelle caméra au ballon (et étancher une fuite), nous sommes prêts pour un nouveau vol. Cette fois, Pierre et Olivier sont accompagnés de Richard, tandis que Jérémie assure la sécurité. L'heure choisie est idéale pour le show, avec un paysage rougi et des ombres allongées par le soir. Et, lentement, notre ballon s'élève dans la lumière du couchant, vaillant et magnifique ! Tout marche impeccablement. Le film que nous récupérons est parfait, même si, en l'absence d'un dispositif de stabilisation, la caméra tournoie quelque peu au bout de sa suspente. Nous obtenons des images du toit de notre demeure et, plus intéressant, le film d'une traversée d'une vingtaine de minutes sur le terrain autour du Hab. Certes, sur Mars, un tel ballon devrait être plus volumineux, mais pas tant que cela (pour la même portance, ses dimensions seraient moins de cinq fois supérieures). Certainement un outil prometteur pour documenter les sorties géologiques.